D’une manière générale, il est de connaissance commune que l’augmentation des prix de vente est due à l’augmentation des coûts de production. Néanmoins, ii faut comprendre que l’augmentation des prix de vente due à une augmentation des coûts de production n’implique pas forcement une augmentation des marges bénéficiaires ou du bénéfice.
Les conséquences de l’augmentation des prix du carburant à la pompe
C’est un fait! L’augmentation des prix du carburant à la pompe provoquera de façon directe ou indirect une augmentation des coûts de production. Ceci se fera au travers l’augmentation du pool de dépenses « transport », et selon les cas par effet boule de neige, l’on observera une augmentation des prix des vente dans plusieurs autres activités. Néanmoins, gardons à l’esprit qu’une augmentation des prix de vente n’implique pas forcement une augmentation du Chiffre d’affaires (CA). Plus important encore, cette augmentation n’implique pas des marges bénéficiaires (MB).
L’effet ciseau
Quoi qu’il en soit, nous sommes en présence (ou en face) de ce que l’on appelle effet ciseau. Pour rappel, l’effet ciseau en économie représente le fait que les charges évoluent plus vite que les recettes (ou les revenus). Certes, Il peut y avoir plusieurs causes à l’effet ciseau, mais l’une des principales est l’augmentation des coûts de production contre la stabilité des prix de vente (ou selon les cas l’augmentation des charges contre la stabilité des salaires).
En d’autres termes, les charges évolueront généralement plus vite que les recettes (revenus). Ainsi, lorsque les coûts de production augmenteront, les prix de vente resteront inchangé. Tous les secteurs d’activité subiront de manière directe ou pas, les effets de cette augmentation des prix du carburant à la pompe. Par contre, tous n’auront pas le luxe de se permettre d’augmenter les prix de leurs produits ou services, au risque parfois de faire fuir la clientèle, ou encore installer la réticence des consommateurs, surtout que les salaire n’ont pas augmenté. Le pouvoir d’achat va encore baisser, pourtant les prix vont augmenter! Faites ce que vous voulez, mais quand il n’y a pas l’argent, il n’y a pas l’argent ! C’est un fait.
L’Etat du Cameroun subventionnait le carburant
Transcrivons donc cette analyse à l’Etat du Cameroun, qui subit très certainement un effet ciseau depuis longtemps, mais probablement masqué par l’argument principal de la Subvention. Pour dire que c’est parce que l’Etat Camerounais subventionnait le carburant que depuis plusieurs années, les prix restaient stables. C’est logique, c’est compréhensible. Seulement toute logique n’est pas forcement vraie.
Mes questions : Qui avait d’abord conseillé l’Etat Camerounais que c’est de cette façon qu’on combat une cause de l’effet ciseau ? Est-ce que l’on subventionne une cause de l’effet ciseau ?! Qui, soit dit en passant, est une cause normale et naturelle!
Ce qui faut comprendre, financer ou subventionner une cause de l’effet ciseau, c’est financer les pertes et la dette. Or la seule dette qui nécessite la subtilité d’un financement, c’est celle qui va concourir à l’effectivité d’un investissement. On ne subventionne ou ne finance pas une dette qui ne produit pas, plus, qui ne produit pas à la mesure des charges fixes réelles. Autrement dit, le choix initial de subventionner le carburant, dans l’optique de maintenir son prix à la pompe abordable pour palier à un effet ciseau, devait nécessairement se justifier par le fait qu’il y ait eu des investissements qui ont été réalisés au préalable (L’existence d’investissements). A partir de là, la subvention apparaît plutôt comme une sorte de fonds de roulement engagé, en attente des retours sur investissement (ROI).
La production originelle plus l’investissement
Recadrons d’avantage, il y a la production originelle et la production originelle plus l’investissement. Le deuxième cas peut justifier le financement d’une dette, d’une perte. Car il est sous-tendu par les prévisions de gains ou bénéfices futurs. En d’autres termes, l’effet ciseau est naturel lorsqu’il s’agit d’investissement ! D’ailleurs, l’effet d’investissement est la deuxième principale cause de l’effet ciseau.
L’absence et / ou le manque d’investissement
C’est donc dire que depuis le début, pendant plusieurs années, pour je ne sais quelle raison, l’Etat a voulu empêcher une cause économique et/ou financière naturelle! En fait, la raison peut être connue. La seule raison déductive et rationnelle qui me vient à l’esprit, c’est l’absence ou le manque d’investissements, tout simplement.
En gros, l’Etat cherchait probablement à masquer l’effet ciseau sur le carburant par la subvention, simplement parce que les investissements présentés, prévisionnels, actuels, n’étaient pas ou ne sont pas effectifs. Si réellement tu as investi, c’est naturel de subir l’effet ciseau. De toutes les façons, pour pouvoir subventionner, il faut avoir l’argent. La subvention c’est une aide financière dans le but de favoriser l’activité d’intérêt général. Ils disent donc que couper la subvention sur le carburant va augmenter le budget de l’Etat. Ma question : On subventionnait d’abord avec quoi, alors qu’il n’y avait pas le budget !? Vraiment mon pays ci…
L’Etat du Cameroun veut augmenter son budget
Bref passons. Concevons que cette mesure vise en effet l’augmentation du Budget de l’Etat, d’emblée, ça reste une bonne chose. Néanmoins, en prenant certaines variables en compte, il y aurait des choses à redire. L’on veut nous faire croire qu’avec un budget plus petit, la plupart des investissements prévisionnels ne sont pas effectifs. Sans parler des multiples scandales et autres soupçons de détournements dus à la mauvaise gestion, un mauvais management financier ou à la malhonnêteté subie (confère l’article sur « De l’incompétence financière à la malhonnêteté »). Et dire que ce sont les mêmes qui gèrent depuis, qui auront cette fois ci un budget renouvelé et multiplié. Bref, quand ces mêmes vont donc voir qu’il y a beaucoup plus d’argent, selon vous, ils vont plus réaliser les investissements ou ils vont plus détourner les fonds ?
D’ailleurs ce serait intéressant pour nos amis statisticiens de nous pondre un rapport comparatif entre le taux en pourcentage des fonds détournés par rapport au taux d’investissements réalisés et opérationnels, bien entendu sur une période donnée d’au moins 5 ans.
Je conclus par une ouverture de débat. Une question qui fera l’objet d’un prochain article : Sommes-nous esclaves ou prisonniers de l’argent ? La réponse à cette question, j’en suis sûr, aidera beaucoup de personnes dans le traitement du management financier.
Yves Alain SECKE
Fondateur Cabinet CFP
Consultant Expert en Management Financier
P.S : Article essentiellement traité dans une approche managériale et financière. Au cas où serait identifié un champ lexical à caractère politique, c’est juste la coïncidence. Pardon seulement, je veux voir mon fils grandir. Pas de Prado noir sur moi svp. Cordialement.
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